Bourses et prix de recherche
Duncan Stewart
Programme de médecine régénératrice
Lauréat du prix Grimes du mérite scientifique de 2016
En tant que médecin engagé dans la recherche fondamentale sur la biologie moléculaire, le Dr Duncan Stewart a toujours essayé de rapprocher les mondes séparés de la recherche fondamentale et de la médecine clinique. Il a vécu un moment décisif pour sa carrière lors d’un souper vers le milieu des années 1990. Un avocat bien connu l’avait contacté parce que sa jeune fille souffrait d’hypertension pulmonaire, une maladie dévastatrice et mortelle qui diminue la circulation sanguine dans les poumons. L’avocat avait entendu parler de la recherche novatrice menée par le Dr Stewart sur la thérapie génique et par cellules souches pour contrer cette maladie chez des modèles animaux et voulait en savoir davantage.
« Il m’a jeté un regard d’habile plaideur avant de me demander quand je serais prêt à traiter mon premier patient », explique le Dr Stewart, cardiologue à Toronto à l’époque. « Je suis resté bouche bée. Je n’avais alors jamais réfléchi à la possibilité de mener moi-même la recherche jusqu’à l’étape de l’essai clinique. Je lui ai dit qu’il faudrait trouver une société pharmaceutique intéressée et que le tout prendrait une dizaine d’années. Il m’a répondu que ce serait trop tard pour sauver sa fille et les autres personnes atteintes d’hypertension pulmonaire. »
Ce message a touché le Dr Stewart droit au cœur, lui faisant comprendre que si lui-même ne parvenait pas à cette étape, celle-ci ne verrait jamais le jour. Il s’est donc mis à l’œuvre pour faire avancer sa recherche jusqu’à l’étape de l’essai clinique chez l’humain. Il a atteint son objectif en 2006 lorsqu’il a lancé le premier essai clinique au monde d’une thérapie par cellules souches génétiquement modifiées pour traiter l’hypertension pulmonaire. La procédure consistait à prélever des globules blancs chez un patient, puis à les cultiver dans un milieu spécial pour obtenir des cellules souches aptes à réparer des vaisseaux sanguins. Les cellules étaient ensuite modifiées génétiquement pour en améliorer la puissance, puis injectées dans le même patient.
Les résultats du petit essai clinique ont été prometteurs. Les patients pouvaient mieux respirer et faire de l’exercice après la thérapie.
Le Dr Stewart en a aussi tiré d’importantes leçons.
« De la fabrication de cellules, jusqu’à la conception d’essais cliniques, en passant par les affaires réglementaires, tout était nouveau pour moi », ajoute-t-il. « Nous avons fini par tout apprendre, mais ça a pris beaucoup trop de temps. Pour continuer de mettre au point des thérapies novatrices, je devais travailler au sein d’un hôpital où la recherche clinique est une priorité. ».
Voilà pourquoi, dès 2007, il a déménagé son laboratoire à L’Hôpital d’Ottawa, où il est devenu vice président exécutif de la Recherche et professeur à l’Université d’Ottawa.
« C’était une occasion incroyable parce que les chercheurs d’Ottawa étaient pionniers des virus oncolytiques, des thérapies par cellules souches et des essais cliniques, poursuit-il. Il y avait le potentiel d’une synergie et d’une efficacité exceptionnelles pour mener des thérapies novatrices jusqu’aux patients. »
Depuis ce temps, le Dr Stewart et son équipe ont lancé deux autres essais cliniques de thérapies par cellules souches sans précédent au monde (pour réparer le muscle cardiaque et contrer le choc septique). Un autre essai d’une thérapie contre l’hypertension pulmonaire doit débuter en 2017.
Il continue de voir des patients toutes les semaines, tout en offrant un leadership scientifique à L’Hôpital d’Ottawa, à l’Institut ontarien de médecine régénératrice et au Réseau canadien vasculaire.
« Nous n’avons malheureusement pas pu sauver la fille de l’homme qui m’a incité à me lancer sur ce chemin, mais j’espère que nous pourrons faire la différence pour bien d’autres personnes atteintes de cette maladie dévastatrice, confie le Dr Stewart. Nous avons aussi créé un modèle efficace pour concevoir des biothérapies en milieu universitaire, ce qui pourrait mener à de nouveaux traitements pour de nombreuses maladies. »