Bourses et prix de recherche

Dr David Picketts

Lauréat du prix Dr Michel Chrétien du chercheur de l’année

Le Dr David Picketts avait toujours voulu devenir médecin, mais sa vocation a bifurqué lorsqu’il a commencé ses travaux de laboratoire pendant la dernière année de son baccalauréat à l’Université Queen’s. C’était la première fois qu’il utilisait la technique de l’ADN recombinant. Il a découvert qu’il pouvait manipuler et cloner des brins d’ADN. « J’ai adoré l’expérience et compris que c’était ça que je voulais faire, affirme le Dr Picketts. J’étais fasciné par la recherche. »

« J’aime mettre à profit mes compétences pour aider les gens. Je me suis toujours dit que j’aimerais utiliser la science pour régler des problèmes de santé. Avec la génétique et l’identification des gènes porteurs de maladies, j’y travaille. C’est le fil conducteur de mon parcours. »

Le Dr Picketts a exploité à fond ces deux passions pour cheminer vers l’excellence scientifique. Il a grandement contribué à accroître notre connaissance des mutations de certains gènes, ceux capables de remodeler la chromatine et ainsi causer différentes incapacités intellectuelles. Les gènes qui remodèlent la chromatine jouent un rôle dans l’encapsidation de l’ADN et la distinction entre les gènes actifs ou inactifs. En 1995, alors qu’il était stagiaire postdoctoral à l’Université Oxford, le Dr Picketts a aidé à identifier le gène responsable d’une incapacité intellectuelle grave, causée par le syndrome ATR-X. Il a ainsi établi l’idée que les protéines de remodelage de la chromatine peuvent causer des maladies chez l’homme si elles sont endommagées.

Depuis son arrivée à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa (IRHO) en 1997, il cherche surtout à comprendre comment les gènes de remodelage de la chromatine contribuent normalement au développement du cerveau et pourquoi une seule mutation peut causer des troubles aussi complexes. Il a commencé par se demander s’il existait d’autres protéines de remodelage capables de causer des incapacités et des troubles intellectuels.

Lui et son équipe ont constaté que les souris dépourvues de ce gène semblent tout à fait normales, sauf au niveau de la tête, qui est légèrement plus large que la normale. C’est que leur cerveau est 35 % plus gros et contient plus de cellules dans certaines parties, en plus d’avoir des cellules souches qui se divisent plus activement.

Le Dr Picketts et son équipe ont aussi découvert que le gène Snf2l contrôle l’expression d’un gène appelé Foxg1, qui est à l’origine de la déficience intellectuelle liée au syndrome de Rett chez certaines personnes. Tandis que les souris mutantes présentent une activité élevée du gène FOXG1 et un gros cerveau, les personnes atteintes du syndrome de Rett sont dépourvues du gène FOXG1 et ont un petit cerveau. Ces découvertes ont fait l’objet d’un article plus tôt cette année dans la prestigieuse revue Developmental Cell.

« Cette étude constitue une avancée fondamentale qui nous permet de mieux comprendre comment se développe le cerveau, et son incidence pratique est importante, affirme le Dr Picketts. Si nous trouvons des médicaments qui régulent l’activité du gène Snf2l, nous pourrons un jour les utiliser pour stimuler la croissance des cellules souches neuronales et ainsi activer la régénération cérébrale et la réparation des lésions cérébrales chez les personnes qui ont subi un traumatisme crânien ou un accident vasculaire cérébral (AVC). Nous n’en sommes encore qu’au tout début de nos recherches, mais les possibilités sont très intéressantes. »

Comme un tiers des autistes ont le cerveau plus gros que la norme et que le syndrome de Rett, un autre trouble du spectre autistique, met aussi en jeu le gène Foxg1, le Dr Picketts orientera ses prochaines recherches en conséquence. Il souhaite découvrir si le gène Snf2l peut contribuer aux troubles du spectre de l’autisme lorsqu’il contrôle l’expression du gène Foxg1.