« Je suis ravi parce que nous faisons quelque chose qui n’a jamais été tenté jusqu’ici, affirme le Dr Shawn Aaron. Nous essayons de repérer et de traiter tôt des personnes atteintes de la MPOC ou qui font de l’asthme pour voir si nous pouvons améliorer l’évolution de ces maladies. »On ne saurait exagérer les retombées de la recherche du Dr Shawn Aaron, qui a transformé le diagnostic et le traitement de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), de l’asthme et de la fibrose kystique. Et ses travaux se poursuivent.
La MPOC est une maladie incapacitante qui rend les personnes qui en sont atteintes très essoufflées. Une crise peut mettre la vie en danger et requiert une visite à l’urgence.
Lorsqu’il était chercheur en formation, le Dr Aaron a mené un essai clinique qui a montré que lorsqu’une crise de MPOC était traitée avec de la prednisone (un stéroïde), les rechutes le mois suivant diminuaient. Ces résultats ont été publiés dans le New England Journal of Medicine, la plus prestigieuse revue médicale au monde, et l’administration de prednisone est maintenant le traitement standard pour cette affection.
Mais ce n’était là qu’un début. Le Dr Aaron a aussi dirigé le premier essai clinique à combiner différentes pompes pour traiter la MPOC, ce qui a réduit les hospitalisations et amélioré la fonction pulmonaire et la qualité de vie des patients. Cette approche thérapeutique fait maintenant partie des lignes directrices pour traiter la maladie.
Mais le chercheur n’était pas satisfait de simplement trouver de nouveaux traitements pour la MPOC. Aujourd’hui, ses travaux visent à déceler la MPOC tôt dans l’espoir d’améliorer les résultats pour les patients.
« Avec la MPOC, le problème est que lorsque le patient commence à dire qu’il est essoufflé, il est déjà trop tard, car il a déjà perdu la plus grande partie de sa capacité pulmonaire », affirme le Dr Aaron, scientifique principal et pneumologue à L’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. « Nous n’avons pas de solution miracle pour guérir la MPOC; nous pouvons uniquement en soulager les symptômes. Malheureusement, mes patients qui en sont atteints continuent d’être très incapacités et de mourir de cette maladie. »
Vous respirez bien, sujet no 10 ?
La MPOC est d’autant plus pernicieuse que la majorité des personnes qui en sont atteintes ne le savent pas, soit environ 70 % d’entre elles. Comment peut-on faire, donc, pour les repérer?
Le Dr Aaron a dirigé le premier essai clinique à répartition aléatoire dans le but de chercher systématiquement et de traiter les personnes qui ont la MPOC ou qui font de l’asthme sans le savoir, les deux maladies ayant des symptômes similaires.
« La recherche est un sport d’équipe. Je collabore avec des statisticiens, des gestionnaires de programmes de recherche, des coordonnateurs de recherche et d’autres professionnels dans tout le pays, dit le Dr Aaron. Sans cette équipe, je n’aurais jamais connu de succès. »En composant des numéros de téléphone au hasard à 17 endroits au pays, son équipe a répertorié 3 000 Canadiens ayant des symptômes respiratoires, mais aucun diagnostic de maladie pulmonaire. Des examens de dépistage ont permis de poser un diagnostic de MPOC chez 12 % d’entre elles et d’asthme chez 8,4 % d’entre elles.
À partir de ces résultats, l’équipe a élaboré un formulaire de 13 questions, premier outil permettant de déceler l’asthme et la MPOC à la fois. Comparativement aux outils qui existaient déjà, ce questionnaire s’est avéré plus efficace pour repérer les personnes atteintes, mais qui n’avaient pas de diagnostic.
Les patients qui ont reçu tôt un diagnostic de MPOC ou d’asthme ont aussi reçu un traitement intensif ou un traitement régulier dans le but de déterminer si le traitement intensif pouvait améliorer leurs résultats de santé. Les résultats de l’étude sont attendus en 2024.
« Je suis ravi parce que nous faisons quelque chose qui n’a jamais été tenté jusqu’ici, affirme le Dr Aaron. Nous essayons de repérer et de traiter tôt des personnes atteintes de la MPOC ou qui font de l’asthme pour voir si nous pouvons améliorer l’évolution de ces maladies. »
Un réseau de recherche qui fait l’envie du monde entier
Autre corde à son arc de chercheur renommé, le Dr Aaron est directeur fondateur du Réseau canadien de recherche respiratoire. Fondé en 2013 et financé par les Instituts de recherche en santé du Canada, ce réseau connaît un immense succès. Son objectif? Mieux comprendre les origines et l’évolution de la maladie pulmonaire chronique au pays. Il inspire la recherche dans ce domaine d’un littoral à l’autre grâce à cette vision bien définie.
Le réseau se compose de plus de 200 scientifiques, médecins et stagiaires canadiens, a publié plus de 250 articles revus par des pairs et a obtenu plus de 30 $ M en subventions. Il a été le berceau de plusieurs carrières en pneumologie dans tout le pays par ses programmes de formation et de surspécialisation, ses fonds pour chercheurs en début de carrière et ses subventions de démarrage.
Selon ses collègues, en plus d’être un scientifique visionnaire et un super-collaborateur, le Dr Aaron est un mentor et un coéquipier encourageant.
« La recherche est un sport d’équipe. Je collabore avec des statisticiens, des gestionnaires de programmes de recherche, des coordonnateurs de recherche et d’autres professionnels dans tout le pays, dit-il. Sans cette équipe, je n’aurais jamais connu de succès. »
Lisez cet entretien pour en savoir plus sur le Dr Shawn Aaron.
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