« L’immunosuppression postopératoire est par tout reconnue, mais il n’existe actuellement aucun traitement approuvé à administrer aux patients au moment de la chirurgie, de dire la Dre Rebecca Auer. Mes travaux de recherche visent à comprendre pourquoi le système immunitaire ne fonctionne pas après une chirurgie et à trouver des thérapies pour le stimuler ».En tant que chirurgienne oncologue et chercheuse de laboratoire à L’Hôpital d’Ottawa, laDre Rebecca Auer sait seule retirer des tumeurs chez des patients, les étudier en laboratoire, concevoir de nouveaux traitements et les tester lors d’essais cliniques. Et c’est exactement ce qu’elle a fait, ce qui a donné lieu à six essais cliniques novateurs au cours de la dernière décennie.
« La chirurgienne que je suis retire des cancers, mais sans vraiment changer la maladie », explique la
Dre Auer, qui est également directrice de la recherche sur le cancer à L’Hôpital d’Ottawa et professeure agrégée à l’Université d’Ottawa. « Si j’ai de la chance, et si le cancer le permet, le retirer guérira le patient, mais il arrive que des patients reviennent me voir en raison d’une récidive de leur cancer, et c’est un moment bouleversant. Le cancer peut être si occulte et sournois. C’est exactement après une chirurgie que ces petites cellules cancéreuses parviennent à s’implanter ».
La Dre Auer et son équipe ont découvert qu’une chirurgie stresse le corps et affaiblit le système immunitaire, et les cellules cancéreuses encore présentes après la chirurgie peuvent profiter de cette situation et commencer à former une nouvelle tumeur.
S’il est vrai que la période de rétablissement après une chirurgie est un moment de vulnérabilité pour tout patient cancéreux, elle est aussi synonyme d’une remarquable opportunité. Si des chercheurs parvenaient à renforcer le système immunitaire de ces patients dans les jours et les semaines qui suivent la chirurgie, cela pourrait considérablement augmenter le taux de réussite des chirurgies oncologiques et empêcher la récidive du cancer.
« L’immunosuppression postopératoire est par tout reconnue, mais il n’existe actuellement aucun traitement approuvé à administrer aux patients au moment de la chirurgie, de dire la Dre Auer. Mes travaux de recherche visent à comprendre pourquoi le système immunitaire ne fonctionne pas après une chirurgie et à trouver des thérapies pour le stimuler ».
L’une des premières pistes étudiées par la Dre Auer a porté sur la capacité des cellules cancéreuses de se cacher du système immunitaire en s’imprégnant de fragments de caillots. Elle a formulé l’hypothèse selon laquelle l’héparine, un composé d’origine naturelle, pourrait éliminer ces fragments de caillots et rendre les cellules cancéreuses plus susceptibles d’être détruites par le système immunitaire. L’héparine ayant donné de très bons résultats sur des modèles animaux précliniques, elle et le Dr Marc Carrier, hématologue, ont mené un essai clinique pour faire un test d’hypothèses sur des patients.
Les patients cancéreux prennent déjà de l’héparine après une chirurgie pour éviter la formation de caillots de sang, mais cette question fait débat parmi les chirurgiens quant à la durée du traitement à l’héparine. L’essai, qui a consisté à comparer différentes durées du traitement à l’héparine, avait aussi eu le potentiel de clore ce débat.
En fin de compte, l’essai a permis de recruter plus de 600 patients atteints d’un cancer colorectal provenant de 12 centres canadiens. Les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue médicale The BMJ en 2022.
« Nous avons fait beaucoup de progrès dans la compréhension de ce phénomène, et chaque essai clinique nous permet d’en apprendre un peu plus, de déclarer la Dre Auer. Je suis très reconnaissante de toute la collaboration et de tout le soutien que nous avons reçus, et je remercie tous les patients ayant participé à nos essais cliniques ».« Fait intéressant, l’essai n’a pas été concluant du point de vue du cancer, dans le sens où il a démontré qu’une administration plus longue d’héparine n’a pas empêché le cancer de revenir, mais il a prouvé qu’il n’est pas nécessaire d’administrer aux patients de l’héparine pendant une période prolongée, d’ajouter la Dre Auer. Il a certes été synonyme de pratiques de changement, même s’il n’a pas donné les résultats escomptés ».
Depuis le début de ce premier essai il y a de nombreuses années, la Dre Auer et son équipe n’ont cessé d’en apprendre plus sur l’immunosuppression postopératoire et ont lancé plusieurs autres essais cliniques.
« Nous avons fait beaucoup de progrès dans la compréhension de ce phénomène, et chaque essai clinique nous permet d’en apprendre un peu plus, de déclarer la Dre Auer. Je suis très reconnaissante de toute la collaboration et de tout le soutien que nous avons reçus, et je remercie tous les patients ayant participé à nos essais cliniques ».
Lisez cet entretien pour en savoir plus sur la Dre Rebecca Auer.
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