« La réorientation de ma recherche durant la pandémie m’a préparé à devenir un scientifique clinicien, parce que rien ne fonctionne comme on s’y attend dans la recherche. Il faut toujours s’adapter et être flexible », affirme le Dr Alvin Tieu.Le Dr Alvin Tieu s’y connaît bien en VE – pas les véhicules électriques, mais plutôt les vésicules extracellulaires. Ces minuscules particules qui sont libérées par les cellules transportent les messages qui influencent les actions des cellules environnantes. Fait intéressant, bien que les VE offrent de nouvelles façons de traiter les maladies, le domaine en est seulement à ses balbutiements et recèle de nombreux mystères.
Le Dr Tieu a voulu savoir si les VE de cellules souches pourraient être utilisées pour traiter des maladies pulmonaires graves. Même si les cellules souches y parviennent en laboratoire, d’autres études sont nécessaires pour traduire ce potentiel en traitements pour les patients.
« Malheureusement, les cellules souches sont fragiles, difficiles à fabriquer et à conserver, et peuvent déclencher des réactions immunitaires indésirables lorsqu’elles sont injectées », dit le Dr Tieu. « Si nous utilisons plutôt les minuscules particules qu’elles libèrent, cela pourrait offrir une méthode plus pratique pour à la fois exploiter les bienfaits et surmonter les nombreuses difficultés techniques de la thérapie cellulaire. »
Sous la supervision conjointe des Drs Manoj Lalu et Duncan Stewart, le Dr Tieu a entamé une formation doctorale multidisciplinaire sur le sujet, dans le cadre du programme de doctorat en médecine à l’Université d’Ottawa, en partenariat avec L’Hôpital d’Ottawa.
Combler le déficit des connaissances
Il a d’abord examiné de façon systématique ce que d’autres chercheurs ont déjà appris des expériences en laboratoire sur les VE de cellules souches pour traiter les maladies pulmonaires. La collecte et l’analyse de cette information étaient très utiles à une nouvelle discipline qui tente de cerner le fonctionnement des VE et la meilleure façon de les utiliser. Il s’est concentré sur les cellules souches mésenchymateuses, qui guérissent en envoyant des signaux aux autres cellules au lien de créer de nouveaux tissus.
Sur la base de ces études, le Dr Tieu a découvert que les VE de cellules souches améliorent les résultats des modèles animaux de lésions pulmonaires aiguës, de dysplasie bronchopulmonaire et d’hypertension artérielle pulmonaire. Cependant, beaucoup de ces études occultent d’importants détails comme la meilleure source tissulaire des VE, le type de VE qui a été utilisé et la destination des VE dans le corps. Ces renseignements essentiels sont nécessaires avant de pouvoir commencer des essais cliniques chez l’humain. Les conclusions du Dr Tieu sont publiées dans la principale revue de la recherche consacrée aux VE, et il a été invité à les présenter à des centaines d’experts des VE dans des conférences et des ateliers internationaux.
Or, il n’avait pas encore fini. Après avoir cerné ces lacunes importantes dans les connaissances en matière de recherche sur les VE, le Dr Tieu a conçu des expériences en laboratoire pour tenter de combler ces lacunes. Un exemple a utilisé des techniques ultramodernes d’imagerie en direct pour suivre la destination des VE de cellules souches dans le corps, et déterminer si elles se dirigeaient vers les tissus endommagés par une lésion pulmonaire.
La recherche en temps de COVID-19
« Je veux une carrière qui me permet de soigner le patient, mais aussi de faire des percées scientifiques susceptibles d’améliorer des vies partout dans le monded » dit le Dr Alvin Tieu.La recherche sur les VE du Dr Tieu a été interrompue par la pandémie de COVID-19, qui avait entraîné la fermeture des laboratoires de recherche et l’arrêt de ces expériences. Initialement dévasté par ce revers, le Dr Tieu a décidé d’utiliser son expérience sur les modèles animaux de maladies pulmonaires pour créer un nouveau modèle murin de la forme grave de la COVID-19, et ce, en collaboration avec Carolina Ilkow, Ph.D et John Bell, Ph.D. Ces souris pourraient être utilisées sans danger par les chercheurs pour mieux comprendre la COVID-19 et mettre à l’essai de nouveaux vaccins et de nouvelles thérapies.
« La réorientation de ma recherche durant la pandémie m’a préparé à devenir un scientifique clinicien, parce que rien ne fonctionne comme on s’y attend dans la recherche. Il faut toujours s’adapter et être flexible », affirme le Dr Tieu.
Quand il n’était pas au laboratoire, le Dr Tieu a poursuivi la collecte et l’analyse de la recherche sur les VE réalisée par d’autres personnes. Il a dirigé et a collaboré à 8 revues systématiques sur différentes maladies, et a enseigné à des étudiants et à des résidents comment évaluer des articles scientifiques et faire des méta-analyses.
Le prochain défi en perspective
Son doctorat aujourd’hui en poche, le Dr Tieu poursuit sa résidence en anesthésiologie. Toutefois, il concilie les soins aux patients et la recherche.
« Au cours des cinq prochaines années, j’espère cerner les lacunes dans les connaissances en anesthésiologie, et les questions auxquelles nous pouvons répondre pour des retombées majeures sur les soins aux patients, » dit-il. « Je veux vraiment être un scientifique clinicien. Je veux une carrière qui me permet de soigner le patient, mais aussi de faire des percées scientifiques susceptibles d’améliorer des vies partout dans le monde. »
Lisez cet entretien pour en savoir plus sur le Dr Tieu.
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