Un mois après le traitement, Owen et Judith ont reçu des nouvelles exceptionnelles. « Lors de ma visite de suivi 30 jours après la réception des cellules CAR-T, je n’avais presque plus de cellules cancéreuses. J’étais stupéfait », ajoute-t-il.Au moment d’apprendre pour la troisième fois en dix ans qu’un lymphome menaçait sa vie, Owen Snider croyait avoir épuisé ses options.
« Mon oncologue m’a dit qu’ils avaient fait à peu près tout ce qu’il était possible de faire. Il m’a donné cinq ou six mois à vivre », explique Owen.
La semaine suivante, son oncologue à L’Hôpital d’Ottawa l’a appelé pour lui proposer une autre chance à la vie : il était peut-être admissible à l’essai clinique d’un nouveau traitement prometteur par cellules CAR-T.
« J’étais très heureux de participer à l’essai », confie Owen, qui vit avec sa femme Judith. « Nous sommes du genre à voir toujours le verre à moitié plein. »
Qu’est-ce que le traitement par cellules CAR-T?
Le traitement par cellules CAR-T tire parti de la puissance des lymphocytes T d’un patient – un type de cellules immunitaires – pour traiter son cancer. Les lymphocytes T jouent un rôle essentiel pour tuer les cellules qui sont anormales, comme celles infectées par des germes ou cancéreuses.? Ces dernières peuvent toutefois devenir invisibles pour les lymphocytes T. Le traitement consiste alors à prélever ces cellules CAR-T et à les reprogrammer en laboratoire de sorte qu’elles reconnaissent et détruisent les cellules cancéreuses.
« Ce type de recherche en immunothérapie est extrêmement novateur et n’a jamais encore été réalisé au Canada », explique la Dre Natasha Kekre, hématologue et scientifique à L’Hôpital d’Ottawa et professeure agrégée à l’Université d’Ottawa. « Le traitement utilise le système immunitaire du patient. C’est de la médecine très personnalisée à chaque patient. »
« Les Canadiens atteints du cancer ne devraient pas devoir attendre que la recherche soit effectuée ailleurs. Ils devraient pouvoir participer à des essais cliniques novateurs ici, chez eux », précise la Dre Natasha Kekre.Innover par une approche conçue au Canada
En 2016, la Dre Kekre et des collègues de L’Hôpital d’Ottawa, de BC Cancer et de BioCanRx ont pris l’ambitieuse décision de mettre au point la première plateforme canadienne de recherche sur les cellules CAR-T. À l’époque, les patients canadiens pouvaient seulement accéder à ce type de traitement en se rendant aux États-Unis. Deux types de traitements par cellules CAR-T sont maintenant homologués au Canada, mais l’équipe estime qu’il est essentiel de continuer de concevoir et de mettre à l’essai des traitements par cellules CAR-T faits au Canada, y compris des versions plus efficaces ou ciblant d’autres types de cancer.
« Les Canadiens atteints du cancer ne devraient pas devoir attendre que la recherche soit effectuée ailleurs. Ils devraient pouvoir participer à des essais cliniques novateurs ici, chez eux », précise la Dre Kekre.
Les installations de fabrication de produits biothérapeutiques permettent la recherche vitale
Pour concrétiser leur vision, la Dre Kekre et ses collègues avaient besoin de fabriquer de grandes quantités de virus extrêmement purs pour livrer le gène pour le CAR, qui est un récepteur antigénique chimérique, aux lymphocytes T du patient. Le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques était particulièrement bien positionné pour accepter le mandat puisqu’il avait fabriqué plus d’une dizaine de produits à base virale et cellulaire pour alimenter des essais cliniques partout dans le monde. Le Laboratoire d’immunothérapie Famille Conconi du BC Cancer s’est chargé de combiner les virus aux cellules des patients pour créer les cellules CAR-T.
Le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques a fabriqué plus d’une dizaine de produits à base virale et cellulaire pour alimenter des essais cliniques partout dans le monde.L’essai, appelé CLIC-1901, a débuté à L’Hôpital d’Ottawa et au BC Cancer en 2019.
Le traitement allait-il fonctionner?
Un mois après le traitement, Owen et Judith ont reçu des nouvelles exceptionnelles. « Lors de ma visite de suivi 30 jours après la réception des cellules CAR-T, je n’avais presque plus de cellules cancéreuses. J’étais stupéfait », ajoute-t-il.
Trois mois plus tard, Owen était « propre comme un sou neuf ». Dix-huit mois plus tard, toujours aucune trace de lymphome.
Donner aux patients comme Owen un nouvel espoir pour l’avenir est ce qui inspire la Dre Kekre. « Il a passé de nombreux examens d’imagerie depuis qui le confirment. C’est pour cette raison que j’effectue ce travail : d’autres patients qui ont épuisé leurs options pourraient bientôt avoir recours au traitement par cellules CAR-T. C’est ce qui s’est passé dans le cas d’Owen et c’est ce que nous espérons pour beaucoup d’autres patients », poursuit la Dre Kekre.
En compagnie de son équipe, elle espère publier les résultats préliminaires de l’essai en 2022 et planifie déjà l’essai d’un autre type de traitement par cellules CAR-T.
Cette recherche est financée par BioCanRx, les Instituts de recherche en santé du Canada, La Fondation de l’Hôpital d’Ottawa, BC Cancer, l’Institut ontarien de recherche sur le cancer, la Fondation canadienne pour l’innovation et le Fonds de recherche de l’Ontario. Les chercheurs mobilisés dans le programme incluent les Drs Natasha Kekre, Harold Atkins, Kevin Hay et Manoj Lalu, ainsi que les scientifiques John Bell, Rob Holt, Brad Nelson, John Webb, Kednapa Thavorn, Dean Fergusson, Justin Presseau et Jen Quizi.