« Ces données préliminaires laissent croire que les boutiques de cannabis récréatifs sont concentrées dans les quartiers à faible revenu, et que le cannabis récréatif est peut-être plus accessible dans les provinces et territoires qui autorisent les magasins de cannabis indépendants », confie le Dr Daniel Myran,Six mois après la légalisation du cannabis récréatif au Canada, 260 boutiques de cannabis ont vu le jour dans le pays. Or, elles sont deux fois plus nombreuses dans les quartiers à faible revenu que dans ceux à revenu élevé. Ces résultats sont publiés dans la revue CMAJ Open par une équipe de chercheurs de l’Hôpital d’Ottawa, de l’Université d’Ottawa et de l’Institut de recherche Élizabeth-Bruyère.
On apprend aussi dans l’étude les faits suivants à propos des provinces et territoires qui comptent des boutiques indépendantes (par rapport aux boutiques exploitées par une société publique).
- Le nombre de boutiques par habitant était plus élevé de 49 %.
- Les boutiques étaient ouvertes 9,2 heures de plus par semaine en moyenne.
- Les boutiques étaient environ 167 mètres plus proches des écoles.
« Ces données préliminaires laissent croire que les boutiques de cannabis récréatifs sont concentrées dans les quartiers à faible revenu, et que le cannabis récréatif est peut-être plus accessible dans les provinces et territoires qui autorisent les magasins de cannabis indépendants », confie le Dr Daniel Myran, médecin de famille, résident en santé publique à l’Université d’Ottawa et stagiaire à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Institut de recherche Élizabeth-Bruyère. « Nous espérons que notre étude, alliée à d’autres données, aidera les gouvernements à prendre des décisions éclairées au fur et à mesure de l’évolution du marché du cannabis récréatif. »
Le 17 octobre 2018, le Canada est devenu le premier pays à revenu élevé à légaliser le cannabis récréatif sur l’ensemble de son territoire. Même si une législation fédérale existe, les provinces et territoires ont pu choisir leur propre modèle d’exploitation (boutiques détenues et gérées par une société publique, par une société privée ou par une société hybride) et mettre en place des lois complémentaires sur la vente du cannabis. Cinq provinces ou territoires ont opté pour un modèle d’exploitation publique, cinq autres pour le modèle privé, deux pour le modèle hybride et une n’a aucune boutique de vente au détail. Toutes autorisent également les ventes en ligne.
L’équipe de recherche a dressé une liste de toutes les boutiques de cannabis au Canada à partir des renseignements disponibles sur les sites Web gouvernementaux. Elle a noté les emplacements et les heures d’ouverture des boutiques, et a communiqué directement avec les boutiques au besoin pour confirmer les données. Puis, l’équipe a obtenu les adresses des écoles sur CanMap et le revenu moyen par code postal à partir des données de Statistique Canada. Par la suite, elle a trié les quartiers en quintiles selon le revenu moyen, et documenté le nombre de boutiques dans un rayon d’un kilomètre du centre de chaque quartier. Ainsi, l’équipe a pu conclure que 587 quartiers dans le quintile au revenu le plus faible comptaient une boutique ou plus par rapport aux 245 quartiers dans le quintile au revenu le plus élevé.
« La légalisation du cannabis récréatif représente une grande expérience inédite au Canada. Il est donc crucial de recueillir le plus grand nombre de données que possible », affirme le Dr Peter Tanuseputro, auteur principal de l’article, médecin-chercheur à L’Hôpital d’Ottawa, chercheur à l’Institut de recherche Élizabeth-Bruyère, et professeur adjoint à l’Université d’Ottawa. « Nous devons non seulement comprendre les emplacements et les modèles d’exploitation des boutiques de cannabis, mais aussi leurs incidences sur la santé et la société. Nous espérons que notre étude apporte quelques données à cet égard. »
Référence complète : L’accès aux magasins de cannabis six mois après la légalisation au Canada : une étude descriptive. Daniel T. Myran, Catherine R. L. Brown, Peter Tanuseputro. CMAJ Open. Le 13 août 2019
Financement : Aucune subvention ciblée n’a été accordée. Par contre, l’Institut de recherche Élizabeth-Bruyère a financé la publication de l’étude en libre accès et la Fondation de L’Hôpital d’Ottawa appuie toutes les recherches à L’Hôpital d’Ottawa.
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