Nouvelles

Les fortes doses d’acide folique ne préviennent pas la pré-éclampsie chez les femmes à risque élevé

Mais on recommande toujours de faibles doses aux femmes enceintes pour prévenir certaines anomalies congénitales

le 12 septembre 2018

Dr. Mark Walker consults with a pregnant patientLe Dr Mark WalkerLa prise de fortes doses d’acide folique tout au long de la grossesse ne préviendrait pas la pré-éclampsie chez les femmes à risque élevé, selon un vaste essai clinique d’envergure internationale publié dans The BMJCette conclusion, qui contredit celles d’études observationnelles antérieures, risque de changer la pratique dans le monde entier.

La pré-éclampsie, ou l’hypertension de grossesse, est la première cause de complications et de décès liés à la grossesse dans le monde. Elle touche 10 millions de femmes par année. Le seul remède est l’accouchement, et le bébé naît souvent prématurément.

L’acide folique est une vitamine qui stimule la croissance des cellules. On recommande aux femmes d’en prendre à faible dose (0,4 ou 1,0 mg par jour) durant toute la grossesse. Les fortes doses (4,0 à 5,0 mg par jour) sont seulement recommandées pendant le premier trimestre aux femmes qui présentent un risque élevé d’anomalie congénitale du tube neural. Malgré cette recommandation, des études ont montré que beaucoup de femmes dans le monde prennent de fortes doses d’acide folique (1,1 à 5,0 mg par jour) durant toute la grossesse.

L’étude, menée par des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa, visait à vérifier si les fortes doses d’acide folique préviennent la pré-éclampsie, un effet observé dans le cadre d’études observationnelles et d’études en laboratoire. Un groupe de 2 464 femmes présentant un risque élevé de pré-éclampsie ont pris une dose quotidienne de 4,0 mg d’acide folique ou d’un placébo. Elles ont commencé entre la 8e et la 16e semaine de leur grossesse et cessé à la naissance du bébé. Comme on le recommande aux femmes enceintes en général, elles ont reçu la consigne de continuer de prendre leurs vitamines prénatales (lesquelles contiennent une dose quotidienne de 0,4 à 1,1 mg d’acide folique) durant toute la grossesse. Dans le groupe prenant de fortes doses d’acide folique, 14,8 % des femmes ont été atteintes de pré-éclampsie, comparativement à 13,5 % des femmes du groupe placébo, soit une différence non significative. Aucune différence significative n’a été relevée entre l’état de santé des femmes et des bébés des deux groupes.

« Les gens croient que l’acide folique est une vitamine inoffensive. C’est pourquoi tant de femmes dépassent les doses recommandées et en prennent trop longtemps », explique le Dr Mark Walker, chef du Département d’obstétrique, de gynécologie et de soins aux nouveau-nés à L’Hôpital d’Ottawa, professeur à l’Université d’Ottawa et auteur principal de l’article. « Pour éviter la surmédication, les médecins devraient indiquer clairement à leurs patientes quand prendre de fortes doses d’acide folique et quand cesser d’en prendre. »

L’équipe de chercheurs suivra aussi durant six ans les enfants auxquels ces mères ont donné naissance pour voir si les fortes doses d’acide folique ont une incidence sur leur santé ou leur développement neurocognitif.

Shi Wu Wen, P.h.D.

« Quiconque qui traite des femmes enceintes a hâte de connaître la réponse à cette question », affirme M. Wen, Ph.D., auteur principal de l’étude, scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. « L’étude se déroule dans 70 établissements répartis dans cinq pays, de la Jamaïque à l’Australie. Les répercussions de nos découvertes sur les soins aux patientes dépasseront les frontières du Canada. En effet, elles se feront sentir partout dans le monde. Nous sommes très reconnaissants envers tous ceux qui ont permis la réalisation de cette étude, particulièrement les participantes. »

« L’Hôpital d’Ottawa est connu dans le monde entier pour ses essais novateurs d’envergure internationale qui se penchent sur d’importants enjeux en vue d’améliorer les soins de santé », souligne le Dr Duncan Stewart, vice-président exécutif de la Recherche et scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa, et professeur à l’Université d’Ottawa. « Cet essai, le plus vaste en son genre, est l’un des projets phares de notre institut de recherche. »

La recherche menée à L’Hôpital d’Ottawa bénéficie du généreux soutien de donateurs qui contribuent à l’avancement des priorités de l’Hôpital, comme la recherche visant à améliorer les soins aux patients. Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.

Référence complète : “Effect of high dose folic acid supplementation in pregnancy on preeclampsia (FACT): a double-bind, phase III, randomised controlled, international, multicentre trial.” Shi Wu Wen, Ruth Rennicks White, Natalie Rybak, Laura M Gaudet Stephen Robson, William Hague, Donnette Simms-Stewart, Guillermo Carroli, Graeme Smith, William D. Fraser, George Wells, Sandra T. Davidge, John Kingdom, Doug Coyle, Dean Fergusson, Daniel J Corsi, Josee Champagne, Elham Sabri, Tim Ramsay, Ben Willem J. Mol, Martijn A Oudijk, Mark C Walker, on behalf of the FACT Collaborating Group. The BMJ. Le 12 septembre, 2018.

L’Hôpital d’Ottawa est l’un des plus importants hôpitaux d’enseignement et de recherche au Canada. Il est doté de plus de 1 100 lits, d’un effectif de quelque 12 000 personnes et d’un budget annuel d’environ 1,2 milliard de dollars. L’enseignement et la recherche étant au cœur de nos activités, nous pouvons innover pour améliorer les traitements et les soins et nous mobilisons toute la collectivité dans ce but. Affilié à l’Université d’Ottawa, l’Hôpital fournit sur plusieurs campus des soins spécialisés dans l’Est ontarien, mais ses techniques de pointe et les fruits de ses recherches sont adoptés partout dans le monde. Pour en savoir plus sur la recherche à L’Hôpital d’Ottawa, consultez le www.irho.ca.

L’Université d’Ottawa : Un carrefour d’idées et de cultures L’Université d’Ottawa compte plus de 50 000 étudiants, professeurs et employés administratifs qui vivent, travaillent et étudient en français et en anglais. Notre campus est un véritable carrefour des cultures et des idées, où les esprits audacieux se rassemblent pour relancer le débat et faire naître des idées transformatrices. Nous sommes l’une des 10 meilleures universités de recherche du Canada; nos professeurs et chercheurs explorent de nouvelles façons de relever les défis d’aujourd’hui. Classée parmi les 200 meilleures universités du monde, l’Université d’Ottawa attire les plus brillants penseurs et est ouverte à divers points de vue provenant de partout dans le monde.

Personnes ressource pour les médias

Amelia Buchanan
Spécialiste principale des communications
Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa
Bureau : 613-798-5555, x 73687
Cell. : 613-297-8315
ambuchanan@ohri.ca