Un nouveau rapport de données publié conjointement par l’Institute for Clinical Evaluative Sciences (ICES) et L’Hôpital d’Ottawa suggère que l’Ontario atteindra des taux de tabagisme inférieurs à 10 % d’ici 2023 pour les femmes et d’ici 2040 pour les hommes.
« Ce rapport est unique dans le sens où nous avons réussi à combiner les données sur les fumeurs et leur utilisation des soins de santé. Nous avons créé un modèle réaliste du tabagisme en Ontario pour les 60 dernières années en nous basant sur le moment où les personnes ont commencé à fumer et le moment où elles ont arrêté de fumer au cours de leur vie. Ces données nous ont permis non seulement d’examiner le passé, mais de faire des prévisions », affirme le Dr Doug Manuel, auteur principal et scientifique principal à l’ICES et à L’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa.
Le tabagisme est la principale cause de morbidité évitable et de mortalité dans le monde entier. Au Canada, les décès attribuables au tabagisme ont augmenté entre 2002 et 2012. En 2012, plus de 45 000 décès étaient attribuables au tabagisme et les coûts directs des soins de santé liés au tabagisme étaient estimés à 6,5 milliards de dollars.
Selon le rapport, le nombre de personnes ayant déjà été fumeurs a diminué de la moitié avec le temps. Seulement 30 % des hommes nés en 1990 sont devenus fumeurs à 20 ans, comparativement à 60 % des hommes nés avant 1950. De même, seulement 20 % des femmes nées en 1980 sont devenues fumeuses à l’âge adulte, comparativement à 40 % des femmes nées en 1960.
Le rapport montre également que les facteurs sociodémographiques jouent un rôle dans la décision de commencer ou non à fumer. Les hommes et les femmes qui ne terminent pas leur secondaire seront deux à trois fois plus susceptibles de fumer en 2041 comparativement à ceux qui ont une formation universitaire.
17,6 % des femmes n’ayant pas terminé leur secondaire fumaient comparativement à 5 % pour les femmes ayant une formation postsecondaire.
16,3 % des hommes n’ayant pas terminé leur secondaire fumaient comparativement à 6,8 % pour les hommes ayant une formation postsecondaire.
« Notre rapport démontre clairement que les initiatives d’abandon du tabac doivent mieux cibler tous les groupes, en particulier ceux à risque élevé de tabagisme », soutient le Dr Manuel.
Les chercheurs ont examiné les données des dossiers de santé administratifs hébergés à l’ICES de tous les Ontariens et Ontariennes à partir de 1960 et ont fait des prévisions jusqu’à 2041.
Voici des constatations du rapport :
- En 2003, le tabagisme représentait 9,5 % de la totalité des dépenses en santé en Ontario. Si la baisse du tabagisme se poursuit, les chercheurs estiment que le tabagisme diminuera de plus du tiers et ne représentera que 5,9 % du total des dépenses en santé d’ici 2041.
- On prévoit que les dépenses en soins de santé attribuables au tabagisme diminueront de 51 milliards de dollars en Ontario entre 2003 et 2041.
- Malgré cette baisse, les dépenses en soins de santé attribuables au tabagisme s’élèveront à 164 milliards de dollars entre 2003 et 2041.
« Le tabagisme a des conséquences profondes non seulement sur la santé, mais aussi sur presque tous les aspects des soins de santé. Il peut nuire à quasi chaque organe et système du corps. Les maladies directement liées au tabagisme sont une cause importante d’hospitalisation et même les hospitalisations en apparence non liées au tabagisme en subissent les effets. Par exemple, un fumeur qui a une chirurgie de la hanche court plus de risque de complications, se rétablit plus lentement et est plus susceptible de devoir être réopéré qu’un non-fumeur », ajoute le Dr Manuel.
Selon les chercheurs, l’investissement dans des stratégies d’abandon et idéalement de prévention d’habitudes nuisibles pour la santé comme le tabagisme contribuera de façon importante à l’amélioration de la santé de la population ontarienne et de la viabilité de notre système de santé.
« Health Care Cost of Smoking in Ontario, 2003 to 2041 » est publié à compter du 12 juillet 2018.
Auteurs : Douglas G. Manuel, Andrew S. Wilton, Adrian Rohit Dass, Audrey Laporte, Sima Gandhi et Carol Bennett.
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