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Une surveillance active du cancer de la prostate prévient beaucoup de traitements non nécessaires et d’effets secondaires


le 29 février 2016



De plus en plus, les patients à faible risque sont suivis de près au lieu d’être traités sur le champ

Des quelque 24 000 Canadiens qui reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate chaque année, environ la moitié ont un cancer qui se développe lentement et qui pose peu de risques pour leur santé. Selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa, les hommes ayant une tumeur qui croît lentement évitent de plus en plus des traitements inutiles et potentiellement nuisibles pour favoriser la surveillance active, approche qui consiste à suivre le cancer de près en en faisant régulièrement des examens et en le traitant uniquement s'il prend une forme qui présente davantage de risques.

Ce type de surveillance du cancer de la prostate à très faible risque a d’ailleurs été recommandé récemment par Action Cancer Ontario. L’étude, publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne, est la première d’une telle envergure à décrire la fréquence des examens de surveillance au Canada.

L’équipe de recherche a examiné les dossiers de 477 hommes atteints d’un cancer de la prostate à évolution lente et référés à la Clinique d’évaluation du cancer Ages entre 2008 et 2013. Ils ont découvert que le nombre de patients sous surveillance active s’est accru considérablement, passant de 32 % en 2008 à 68 % en 2013. De plus, après cinq années de suivi, la surveillance active d’environ 59 % de ces patients se poursuivait toujours.

« D’après des données récentes, le cancer de la prostate de bas grade peut croître très lentement, ce qui signifie que beaucoup de patients n’ont probablement pas besoin de traitement du tout », affirme le Dr Rodneay Breau, principal auteur de l’étude, chirurgien du cancer de la prostate et épidémiologiste à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « Pour certains, le cancer ne se propage pas pendant des années, et peut-être même pendant toute leur vie. Si nous les surveillons de près, nous pouvons toujours traiter le cancer s’il devient un cancer à haut risque. Mais si le cancer ne progresse pas, ces hommes peuvent éviter une chirurgie, de la radiation et d’autres thérapies non nécessaires qui ont des effets secondaires comme l’incontinence, l’impuissance et des troubles intestinaux. »

Stephen Wilson, 56 ans, est un de ces patients. Gestionnaire d’une usine de transformation laitière de Winchester, en Ontario, il a appris en décembre 2012 qu’il avait un cancer de la prostate à faible risque. Son oncologue et le Dr Breau lui ont tous les deux recommandé la surveillance active.

« Dès qu’on entend le mot tabou " cancer ", on panique, dit M. Wilson. On doit apprendre à vivre avec, mais comme je suis scientifique, j’étais équipé pour m’y habituer sans problème. Cela fait maintenant trois ans et je vais bien; la surveillance active a été un bon choix pour moi. »

Le Dr Breau fait aussi observer que l’étude confirme qu’un diagnostic de cancer de la prostate ne se traduit pas nécessairement par des traitements. Ainsi, les médecins peuvent maintenir les bienfaits du dépistage du cancer de la prostate tout en réduisant un mal potentiel, le traitement inutile de tumeurs qui croissent lentement. L’étude révèle en outre que parmi les patients qui ont reçu un traitement, la quasi-totalité a dû le faire parce que le cancer avait changé, et non en raison d’anxiété.

Les chercheurs ont aussi remarqué que le taux de surveillance active observé dans l’étude était de loin supérieur aux taux estimés pendant la même période aux États-Unis.

« Beaucoup de patients évitent maintenant des traitements inutiles, ce qui représente un changement radical dans la prise en charge de cette maladie », fait valoir le Dr Octav Cristea, résident en urologie à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa. « D’autres études arrivent aux mêmes conclusions et j’espère qu’ainsi, la surveillance active deviendra la norme mondiale pour le cancer de la prostate à évolution lente. »

Référence complète : « Active Surveillance in Canadian Men Diagnosed with Low Grade Prostate Cancer », JAMC, Octav Cristea, Luke T. Lavallée, Joshua Montroy, Andrew Stokl, Sonya Cnossen, Ranjeeta Mallick, Dean Fergusson, Franco Momoli, Illias Cagiannos, Christopher Morash, Rodney H. Breau, 29 févr. 2016.

Commanditaires : L’étude ne bénéficiait pas de fonds dédiés. Cependant, le Dr Breau occupe une chaire de recherche en oncologie urologique financée par La Fondation de l’Hôpital d’Ottawa.

Vidéo : Le Dr Breau parle de ce qui motive sa recherche (en anglais).



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