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Une étude réalisée à Ottawa conclut que les épisiotomies demeurent fréquentes en dépit des recommandations globales d'en restreindre l'utilisation
Ottawa, le 25 août 2005On dit souvent que l'épisiotomie est la coupure la plus sensible qui soit. L'intervention consiste à couper la peau et les muscles du périnée, la partie située entre le vagin et l'anus de la femme lors de l'accouchement. On croyait auparavant que cette procédure était moins douloureuse et dommageable que de laisser les tissus se déchirer naturellement. On pensait aussi qu'elle prévenait l'incontinence urinaire ultérieurement.
Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses données scientifiques convaincantes ont contredit cette opinion. Des études cliniques ont démontré maintes et maintes fois que les femmes s'en tirent mieux sans épisiotomie parce que les déchirures naturelles qui se produisent sont souvent moins graves que celles de la chirurgie. Par ailleurs, une nouvelle étude mondiale réalisée par le Dr Ian Graham, professeur agrégé à l'École des sciences infirmières et d'épidémiologie et au Département de la médecine communautaire de l'Université d'Ottawa, démontre que les professionnels de la santé ont été lents à modifier leurs pratiques. Le Dr Graham est aussi scientifique principal au Programme d'épidémiologie clinique à l'IRSO.
Les données du Dr Graham font état de forts taux d'épisiotomie, dont les plus élevés (souvent la presque totalité des cas lors d'une première grossesse) sont observés dans certaines régions de l'Amérique du Sud, de l'Amérique centrale et de l'Asie. Les taux les moins élevés dans l'ensemble se trouvent en Suède (9,7 %), en Nouvelle-Zélande (11 %) et au Danemark (12 %). Au Canada, le taux national se situe à 24 % et varie entre 3 % au Nunavut et 31 % au Québec. Les États-Unis accusent un taux général de 33 % tandis que dans certains pays européens, notamment en Espagne, en Italie et en Turquie, les taux nationaux excèdent les 50 %.
Il est difficile de définir ce que l'on entend par un taux trop élevé d'épisiotomie car cette chirurgie peut contribuer à accélérer l'accouchement lors d'un travail difficile. Certaines études laissent entendre qu'un taux de plus de 30 % est injustifiable, tandis que d'autres proposent qu'entre10 et 20 % serait un taux approprié.
« L'épisiotomie est l'une de ces pratiques qui est devenue systématiques en s'appuyant sur beaucoup de théorie et de rares preuves qu'elles soient bénéfiques, explique le Dr Graham. Quelques décennies plus tard, les études se multiplient pour démontrer qu'en réalité, cette pratique n'est pas bénéfique et même, dans certains cas, qu'elle peut être dommageable. Pourtant, cette intervention continue d'être effectuée librement dans de nombreux pays du monde. C'est un exemple probant que certains professionnels de la santé ne se tiennent pas au fait des ouvrages scientifiques. Les femmes devraient en parler à leurs dispensateurs de soins. »
Les obstétriciens accueillent favorablement cette étude. Le Dr Mark Walker est obstétricien à L'Hôpital d'Ottawa, scientifique à l'IRSO et professeur adjoint d'obstétrique et de gynécologie à l'Université d'Ottawa.
« Des études aléatoires contrôlées ont démontré que les femmes qui subissent une épisiotomie ont tendance à avoir plus de déchirures des tissus, plus de douleurs, plus de points de suture et un rétablissement plus long après la naissance, explique le Dr Walker. Si l'épisiotomie peut accélérer l'accouchement, elle ne devrait être utilisée que si elle s'impose sur le plan obstétrique, c'est-à-dire lorsque la santé de la mère ou de l'enfant est à risque. »
L'étude est publiée dans le numéro de septembre du Birth: Issues in Perinatal Care. Au nombre des collaborateurs du Dr Graham figurent d'autres chercheurs de l'IRSO ainsi que des scientifiques de l'Université Queen's à Kingston et du Centre Rosarino des études périnatales en Argentine.
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