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Contrairement aux soins avancés de maintien des fonctions vitales (SAMFV), la RCR et la défibrillation rapide permettent d'augmenter le taux de survie à une crise cardiaque

La plus importante étude pré-hospitalière au monde suggère de revenir aux principes de base

OTTAWA, le 11 août 2004 - Contrairement à ce qu'on pense généralement, une nouvelle recherche suggère qu'une formation en matière de soins pré-hospitaliers avancés de maintien des fonctions vitales (SAMFV) n'augmente pas le taux de survie des personnes qui subissent un arrêt cardiaque ailleurs qu'à l'hôpital. En revanche, la réanimation cardio-respiratoire (RCR) effectuée par une personne qui se trouve sur les lieux et les programmes de défibrillation rapide sont des interventions cruciales ayant une incidence sur la survie. Telle est la conclusion de la plus importante étude multicentrique contrôlée ayant jamais été effectuée dans un environnement pré-hospitalier. L'étude est publiée dans l'édition du 12 août 2004 du New England Journal of Medicine. Le principal auteur, le Dr Ian Stiell, est à la fois urgentologue, chercheur et professeur affilié à L'Hôpital d'Ottawa, à l'Institut de recherche en santé d'Ottawa et à l'Université d'Ottawa.

Les morts subites dues à des arrêts cardiaques demeurent l'une des principales préoccupations en matière de santé publique. Chaque année, environ un demi million d'Américains meurent des suites d'un arrêt cardiaque et près de la moitié de ces cas surviennent ailleurs qu'à l'hôpital. La question est également préoccupante au Canada. En mai de cette année, une étude parue dans la revue Health Affairs a démontré que le Canada se classait au dernier rang derrière quatre autres principaux pays industrialisés pour ce qui est du taux de survie après un arrêt cardiaque.

Dans l'espoir d'accroître les chances de survie et d'améliorer la qualité de vie, l'Ontario lançait il y a plusieurs années une formation en matière de soins avancés de maintien des fonctions vitales (SAMFV) pour les travailleurs paramédicaux. Cette formation supplémentaire les dote des compétences nécessaires pour effectuer des traitements avancés à l'endroit où s'est produite la crise cardiaque, notamment le contrôle des voies aériennes (intubation) et l'administration de médicaments par voie intraveineuse. Les SAMFV s'inscrivent dans le cadre d'une approche globale visant à amener la collectivité à réagir plus efficacement en matière d'arrêt cardiaque et à accroître les taux de survie. Parmi les autres composantes de cette approche, on compte les programmes de formation en RCR pour les policiers, les pompiers et le public en général, ainsi que l'installation de défibrillateurs automatiques (dispositifs automatisés donnant des chocs électriques au cœur) dans des lieux publics, permettant ainsi de les avoir à portée de la main lorsqu'une personne est victime d'un arrêt cardiaque.

Cependant, avant de s'engager financièrement à élargir la formation en matière de SAMFV, le Ministère de la Santé et des Soins de longue durée a demandé à ce que d'autres recherches soient effectuées pour démontrer l'efficacité du programme. L'Étude ontarienne sur les soins pré-hospitaliers avancés de maintien des fonctions vitales a été effectuée afin de déterminer l'incidence de la formation en matière de SAMFV comparativement aux autres interventions sur les taux de survie des personnes victimes d'un arrêt cardiaque ailleurs qu'à l'hôpital. Sous la direction du Dr Stiell, une équipe de chercheurs basée à Ottawa a étudié les cas de plus de 10 000 patients sur une période de dix ans, dans 17 centres urbains de l'Ontario, pour déterminer les avantages accrus des programmes de SAMFV.

Les chercheurs ont conclu que la victime d'un arrêt cardiaque avait les meilleurs chances de survivre si un témoin de l'événement réagissait immédiatement. L'étude a également démontré que les chances de survie augmentaient de façon marquée si un citoyen ou un secouriste opérationnel (par exemple, un pompier ou un policier) procédait à la RCR et si une défibrillation rapide était effectuée dans les 8 minutes. Les chercheurs ne sont cependant pas parvenus à démontrer une modification du taux de survie découlant de l'intervention auprès de la victime d'arrêt cardiaque d'un travailleur ayant reçu une formation en matière de SAMFV, principalement parce que l'intervention immédiate est primordiale. Selon les chercheurs, " lorsqu'un témoin d'une crise cardiaque procède à une RCR ou qu'un défibrillateur est utilisé dans les 8 minutes au maximum suivant l'événement, les chances de survie sont fortement accrues. "

Compte tenu de ces résultats, les chercheurs se disent préoccupés par le faible taux d'interventions de RCR pratiquées par les citoyens et suggèrent que pour le moment, le fait d'investir davantage dans des programmes de formation et de sensibilisation destinés au grand public pourrait avoir une incidence plus marquée sur les taux de survie après un arrêt cardiaque que l'augmentation du nombre de travailleurs ayant reçu une formation en SAMFV. " Pour réussir à sauver des vies, les autorités et les planificateurs en matière de services de santé doivent retourner aux principes fondamentaux et faire de la formation en RCR et de l'accès rapide aux défibrillateurs des priorités ", explique le Dr Stiell.

" L'étude ne suggère en aucun cas que la formation en SAMFV que nous avons dispensée aux travailleurs paramédicaux est sans valeur ", précise-t-il. " Bien au contraire. Nous avons démontré que certains résultats pour des victimes d'arrêt cardiaque s'étaient améliorés et que les travailleurs paramédicaux permettent aux départements d'urgence engorgés et aux hôpitaux d'économiser des ressources considérables ", précise le Dr Stiell. " En outre, les premières indications de notre étude de suivi sur les patients atteints de douleurs thoraciques respiratoires suggèrent que les SAMFV permettent de sauver des centaines de vies chaque année ", ajoute-t-il.

Le Dr Stiell suggère également que la collectivité et les médias doivent faire leur part pour sensibiliser le public aux avantages de la RCR. " Les défibrillateurs automatisés de pointe font l'objet de beaucoup d'attention de la part du public ", explique-t-il. " Bien que ces appareils constituent un indéniable progrès, ils n'aideront qu'environ 15 p. cent des gens. Pourquoi ? La majorité des gens ne font pas de crise cardiaque dans les centres commerciaux, les arénas ou les piscines publiques, mais plutôt chez eux ou dans des résidences privées. D'où l'importance d'assurer la formation des citoyens en matière de RCR et d'en faire la promotion. Le travail rudimentaire que vous effectuez au moyen de vos mains et de votre bouche est aussi essentiel pour sauver des vies que celui réalisé par un appareil de pointe. "

Des études futures examineront les avantages de diverses interventions, dont les SAMFV, sur des patients souffrant de difficultés respiratoires et des victimes d'un traumatisme. Une subvention de 4 millions de dollars canadiens récemment accordée par les National Institutes of Health des États-Unis permettront au groupe de recherche du Dr Stiell basé à Ottawa de continuer à façonner la planification future des services médicaux d'urgence pré-hospitaliers.

Le Dr Stiell est urgentologue à L'Hôpital d'Ottawa, titulaire de la Chaire de recherche en urgentologie à l'Institut de recherche en santé d'Ottawa et chef du Département d'urgentologie à l'Université d'Ottawa. Auteur des règles d'Ottawa concernant l'évaluation des blessures à la cheville et au genou, outil d'aide à la décision clinique mondialement reconnu, le Dr Stiell est titulaire du titre de chercheur émérite des Instituts de recherche en santé du Canada, et est l'un des rares Canadiens membres de l'Institut de médecine de la National Academy of Sciences des États-Unis.

L'étude sur les SAMFV a été subventionnée par la Direction des services de soins d'urgence du Ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l'Ontario et par la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé.

PERSONNE-RESSOURCE POUR LES MÉDIAS :

Ron Vezina, Gestionnaire, Affaires publiques et relations avec les médias, L'Hôpital d'Ottawa,
(613) 737-8460, rvezina@hopitalottawa.on.ca

FICHE D'INFORMATION

  • Plus de 500 000 Américains meurent chaque année des suites d'un arrêt cardiaque. Si l'on extrapole, ces chiffres se traduisent par environ 50 000 décès au Canada chaque année.

  • La plupart des collectivités affichent dans l'ensemble des taux de survie à une crise cardiaque survenue ailleurs qu'à l'hôpital inférieurs à 5 p. cent.

  • En Ontario, seulement 15 p. cent des victimes d'arrêts cardiaques reçoivent la RCR par un citoyen.

  • Les chiffres de l'Étude ontarienne sur les soins pré-hospitaliers avancés de maintien des fonctions vitales :
    • Durée de 10 ans (1994)
    • 10 000 patients
    • 17 centres urbains y ont participé (au départ, 20 centres y participaient, mais 3 d'entre eux n'ont pu satisfaire aux critères)
    • Population globale des centres : 2,5 millions
    • Coût de l'étude : 2 millions de dollars pour la recherche; 15 millions pour la formation, l'équipement et la mise en œuvre du programme de SAMFV.
  • La chaîne de survie de l'American Heart Association est un modèle d'optimisation de la réaction de la collectivité. La recherche a démontré que les trois premiers maillons de la chaîne, soit l'accès précoce, la RCR immédiate et la défibrillation rapide (dans les 8 minutes), sont tous associés à un taux de survie accru. Cependant, plusieurs croient que les SAMFV, qui constituent le quatrième maillon de la chaîne, peuvent accroître les chances de survie et améliorer les résultats car ils permettent un contrôle avancé des voies respiratoires et l'administration de médicaments par voie intraveineuse. Cependant, la valeur incrémentale de ce maillon n'a jamais été scientifiquement prouvée.

  • Une autre recherche avait déjà porté sur la défibrillation rapide et les SAMFV, sans toutefois déterminer la pertinence individuelle de chacune des interventions.

  • L'assurance de qualité a été attentivement contrôlée et les collectivités qui n'ont pas satisfait aux critères suivants ont été exclues de l'étude :
    1. Défibrillation rapide dans les 8 minutes dans 90 p. cent des cas
    2. Mise en oeuvre des SAMFV par les travailleurs paramédicaux dans 95 p. cent des cas
    3. Arrivée des travailleurs paramédicaux sur les lieux dans les 11 minutes dans 80 p. cent des cas
    4. Intubation réussie dans 90 p. cent des cas
  • Bien que l'étude ait été limitée à des centres ontariens, les chercheurs croient que leurs résultats peuvent être appliqués à tout centre urbain affichant une population d'au maximum un million de personnes et possédant des programmes de défibrillation rapide.

  • Les résultats de l'étude révèlent que les chances de survivre à une crise cardiaque :
    • étaient de 4,4 fois plus élevées si quelqu'un était témoin de l'incident;
    • étaient de 3,7 fois plus élevées si un secouriste opérationnel ou un témoin avait effectué la RCR ;
    • étaient de 3,4 fois plus élevées si la région possédait un programme de défibrillation rapide;
    • ne présentaient aucune augmentation marquée si le patient avait été traité par des intervenants ayant reçu une formation en matière de SAMFV.
  • Bien que les programmes de SAMFV n'ont pas permis d'augmenter les chances de survie à la suite d'un arrêt cardiaque, les chercheurs ont constaté une amélioration des résultats secondaires, notamment le retour de la circulation spontanée et l'hospitalisation.

  • Selon les premières indications découlant d'une étude de suivi effectuée par cette équipe de chercheurs sur les patients présentant des troubles respiratoires et des douleurs thoraciques, les SAMFV joueraient un rôle important en permettant de réduire la morbidité et la mortalité.