Bourses et prix de recherche
Dr Michael A. Rudnicki
Programme de médecine régénératrice
2013 Lauréat du Prix Dr J. Grimes du merité scientifique
Le premier collaborateur du Dr Michael Rudnicki dans sa quête pour comprendre le monde qui nous entoure a été son frère jumeau, Stephen. « Nous nous mettions constamment dans le pétrin en démontant des objets, comme des horloges, que nous ignorions comment réassembler », se remémore le Dr Rudnicki, évoquant la curiosité qui l’a animé toute sa vie et a été le moteur d’une illustre carrière marquée par la découverte scientifique.
À l’école secondaire, le Dr Rudnicki se débrouillait mieux en lettres et sciences humaines qu’en mathématiques et en sciences pures, mais sa curiosité a été piquée lorsqu’il a lu Le Gène égoïste de Richard Dawkins, qui lui a fait découvrir une perspective de l’évolution centrée sur les gènes. « Réfléchir aux gènes, à l’ADN et aux mécanismes de l’évolution m’enthousiasmait. Ces notions me stimulaient énormément », raconte le Dr Rudnicki, scientifique principal et directeur du programme de médecine régénératrice à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa (IRHO) et directeur du Centre de recherche sur les cellules souches Sprott. « Peu de temps après, j’ai décidé que je voulais me consacrer à la biologie moléculaire. »
Aujourd’hui, le Dr Rudnicki est reconnu mondialement pour avoir contribué à la compréhension de notre monde, non pas en démontant des horloges, mais en décryptant le génome. Depuis près de deux décennies, il occupe une place de premier plan dans le domaine du développement et de la régénération des muscles squelettiques. Détenteur de la chaire de recherche du Canada en génétique moléculaire, il est aussi professeur aux départements de médecine et de médecine cellulaire et moléculaire de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa et agit comme directeur scientifique du Réseau de cellules souches (entre autres nominations prestigieuses) et de l’International Regulome Consortium, en plus d’être l’un des fondateurs de Fate Therapeutics, société biopharmaceutique qui a son siège social aux États-Unis et maintenant cotée au NASDAQ.
Puisque le Dr Rudnicki publie régulièrement dans des journaux renommés, la liste de ses réalisations scientifiques est trop longue pour être relatée en détail ici. Voici toutefois un tour d’horizon éclair de certains moments clés.
En 1992, le Dr Rudnicki a contribué à démontrer que MyoD et Myf5, deux protéines issues de la même famille de gènes et agissant comme facteurs de transcription, peuvent se compenser mutuellement et que les muscles se développent normalement lorsque l’une ou l’autre est absente. En 1993, il a montré que lorsque les deux sont absentes, les muscles squelettiques ne se développent pas du tout.
Reconnaissant que la majorité des maladies caractérisées par l’atrophie musculaire apparaissent après la naissance, le Dr Rudnicki a porté son attention sur la croissance et la régénération des muscles squelettiques chez l’adulte. En 1996, il a prouvé que la protéine MyoD était essentielle à la régénération des muscles adultes. Par la suite, en 2000, de retour dans sa ville natale d’Ottawa, il a publié un article dans la revue Cell démontrant que les adultes dépourvus de la protéine Pax7 n’avaient pas de cellules progénitrices musculaires (semblables aux cellules souches, les cellules progénitrices peuvent cependant uniquement devenir une cellule d’un type donné, par exemple musculaire ou adipeuse). Depuis, le Dr Rudnicki continue d’étudier les facteurs qui limitent ou favorisent la population de ces cellules semblables aux cellules souches dans les muscles adultes.
Cela a conduit à la découverte d’une protéine appelée Wnt7a, qui catalyse l’expansion des populations de cellules souches musculaires. Fate Therapeutics travaille actuellement à sa mise au point en tant que traitement potentiel contre les maladies caractérisées par l’atrophie musculaire, comme la dystrophie musculaire de Duchenne.
En 2007, le laboratoire du Dr Rudnicki est devenu le premier à démontrer l’existence et les multiples rôles des cellules souches satellites dans les muscles adultes. Injectées dans un muscle, ces cellules participent à la régénération des tissus tout en y reconstituant la population de cellules souches musculaires. Encore une fois, les constatations de l’équipe du Dr Rudnicki ont révolutionné le domaine de la biologie musculaire. Puis, en 2013, son groupe a réussi une autre percée remarquable en montrant pour la première fois que les cellules souches musculaires adultes peuvent aussi devenir des adipocytes bruns, une forme bénéfique de graisse qui brûle de l’énergie et pourrait jouer un rôle déterminant dans la lutte contre l’obésité.
Pourtant, en dépit de toutes ses réalisations, quand on lui demande de quoi il est le plus fier, le Dr Rudnicki répond sans hésiter : « Les gens qui sont passés par mon laboratoire et qui ont bâti leur propre carrière. Le plaisir de la découverte est indéniablement satisfaisant, mais quand on travaille dans ce domaine depuis un moment, le mentorat de la prochaine génération devient ce qu’il y a de plus important. »